Caër, Hameau de Normanville, et sa paroisse

Caër et sa paroisse

Édition du 1er novembre 2020.

Caër, Eure. Paroisse.

Caër, Hameau de Normanville le 9 mai 1811.

Caër parait avoir appartenu, à une époque très reculée, à la cathédrale de Rouen. L’église était la seule du diocèse d’Évreux, dédiée à Saint-Leufroy.

En 946, le duc Richard 1er de Normandie, dit Richard Sans Peur, (930-996), par une charte, donna à la cathédrale de Rouen, Normanville, Caër et Saint-Germain.

En 1237, par le curé de Caër, un procès fut intenté contre Jean Payen, passant du port de Caër, qui avait, après le couvre-feu, fait passer, moyennant une forte somme, des voleurs qui enlevaient au curé deux de ses chevaux.

Au XVème siècle c’est la famille de Rabastens qui possède Caër.

En 1480, elle est remplacée par Jean du Chastel, marié à Girette de Rabastens, héritière de sa maison.

En 1492, Guillaume du Chastel, fils de Jean, présentait à la cure de Caër, au droit de Girette de Rabastens, sa mère.

En 1515, Nicolas de Quiévremont, bourgeois de Rouen, devient seigneur de Caër et d’Heudreville. En 1518 il devient conseiller au Parlement ; plus tard il épouse Barbe Le Lieur.

En 1518, Adrien de Melun acheta le fief de Caër.

En 1550, Charles de Melun, baron des Landes et de Normanville, hérite de Caër.

Vers 1650, Henriette de Coligny, épouse de Gaspard de Champagne, fit construire un Prêche, lieu de culte protestant. A cette époque la Religion Réformé possède quelques adeptes en France. Henriette abjura cette Religion Prétendue Réformée.

En 1690, le curé de Saint-Thomas d’Évreux s’unit avec Jacques Raout, avocat, pour faire détruire le Prêche.

Jean-Baptiste Duvivier né le 25 juin 1663 à Louviers, fille de Thomas Duvivier et de Margueritte Nicolle, son épouse. Parrain : Jean-Baptiste Nicolle, organiste.

Justine Duvivier née le 2 mai 1668 à Louviers, fille de Thomas Duvivier et de Margueritte Nicolle son épouse. Parrain : François Nicolle, Peintre.

Nous retrouvons Jean-Baptiste Duvivier, devenu ecclésiastique, curé de Caër en 1693. C’est une modeste paroisse près d’Évreux. L’église autour de laquelle se groupait sa petite population, était cachée timidement au milieu des peupliers et des haies, dans la vallée de l’Iton. Caër est traversé par la grande voie qui va d’Évreux par Louviers jusqu’à Rouen.

Justine Duvivier a rejoint son frère, nous retrouvons au bas d’un acte de baptême le 2 juillet 1697 qu’elle est marraine de joseph Chanoine, fils du receveur de Caër.

Jean-Baptiste Duvivier, curé de Caër décède le 1er juin 1718.

Revenons donc vers l’humble presbytère de Caër. Jean-Baptiste et Justine sont épris du même désir de faire le bien. Justine n’y tient plus, en voyant les malades des campagnes, abandonnés, et l’ignorance des enfants dépourvus des moyens de s’instruire.

Dans les villes, sous l’efficace impulsion de l’ardent apôtre de la charité, Saint-Vincent-de-Paul, des asiles, des Maisons- Dieu avaient ouvert leurs portes.

Les médecins et les chirurgiens, peu nombreux, n’étaient appelés que par ceux qui pouvaient rétribuer leurs soins.

Les seules ressources se réduisaient à des remèdes de bonnes femmes, à des recettes d’empiriques et le plus souvent à la pratique des saignées. A côté de cette infortune, il en était une autre, les enfants des classes riches ou aisées étaient dirigées vers les écoles fameuses. Les petits garçons dans les hameaux trouvaient encore des maitres ou des curés pour l’instruction. Mais les petites filles étaient bien moins partagées. Les écoles étaient inaccessibles à cause de la distance, les chemins peu sûrs et les parents ne se souciaient pas assez de l’instruction de leurs petites filles.

Vers 1717, le diocèse de Rouen comptait 1159 paroisses pourvues d’écoles 855 pour les garçons, 304 pour les filles.

A Caër, Justine aidée de son frère, avec un léger patrimoine et quelques économies provenant des paroissiens au nombre de 200, vont créer la Congrégation de la Providence.

Vers 1700, plusieurs jeunes filles des environs viennent rejoindre Justine : Marie Legendre et Anne Innocent, elles n’ont que 18 ans, puis vient Margueritte Entil. Voilà donc la famille religieuse constituée. Elles ont déjà secouru plusieurs malades.

Dans une humble chambre, une classe est organisée pour instruire les petites filles du village.

Le 20 juillet 1702, M. le curé fait bâtir la maison pour les sœurs, ainsi qualifiées par les habitants. Les filles, vivant sans tarder sous une règle qu’elle se sont imposée, ont mis en commun leur patrimoine. Elles se mettent à enseigner le catéchisme, la grammaire, l’écriture et le calcul.

Cette Congrégation avait pour but : l’éducation des enfants, en particulier des filles des campagnes et des malades abandonnés. Quelques années plus tard la Congrégation formait des Sœurs maîtresses des écoles chrétiennes et gratuites du diocèse d’Évreux.

Le 1er mai 1705, l’évêque d’Évreux recevait la profession religieuse de Justine, de Marie Legendre et d’Anne Innocent. Ce même jour, il nommait Justine supérieure de la Communauté et désignait comme directeur et supérieur, Jean-Baptiste, curé de Caër.

Le 1er septembre 1705, Marguerite Entil fut reçu dans la profession religieuse.

Les Dames de Caër étaient nées !

De plus en plus de jeunes filles de différentes paroisses viennent s’associer à l’œuvre de Justine.

Le 1er octobre 1705, la première école des Sœurs de Caër fut ouverte à La Pyle, près du Neubourg.

En 1713 Justine envoya une de ses Sœurs à Saint-Aubin-d’Écrosville.

Le 6 février 1714, des Sœurs sont appelées à Acquigny, Mesnil-Jourdain et Villettes.

Le 1er juin 1718, est décédé vénérable et discrète personne : Maitre Jean-Baptiste Duvivier, curé de la paroisse de Caër, inhumé sous la tombe du cœur, âgé de 55 ans.

La congrégation pris une telle importance qu’il fallut envisager de transporter le siège de l’Institut à Évreux. Le 29 novembre 1729, Mère Justine Duvivier achète, rue Rabais, à l’extrémité du faubourg Saint-Léger, une petite propriété composé d’une maison, d’une grange et d’un jardin. C’est le père Bertrand James qui était directeur depuis 1724.

Sœur Justine Duvivier, Mère Supérieure, est décédée le 16 janvier 1734, rue Rabais au faubourg Saint-Léger, Évreux. Née le 2 mai 1668 à Louviers. Inhumée dans le cimetière de Saint-Léger d’Évreux. Communauté des Sœurs maitresses d’école de Caër.

En 1790 on comptait 44 écoles tenues par les filles de Justine Duvivier.

Entre temps les Sœurs de Caër portaient le nom de Sœurs de la Providence d’Évreux.

En 1781, on commença à construire une maison de communauté sur le lieu du vieux château du Duc de Bouillon, tombé en ruine.

Mais voici que la tourmente révolutionnaire dont on entendait au loin le mugissements vient d’atteindre Évreux.

Les religieuses dispersées dans le diocèse, ne pouvant plus tenir contre les vexations et les persécutions qu’elles subissent dans leurs paroisses accourent se réfugier à la Communauté.

La loi du 17 mai 1790 déclarant biens nationaux toutes les propriétés des Communautés va exercer ses rigueurs elles sont dépouillées de tout. Les Sœurs durent s’enfuir et se cacher pour éviter les massacres de la révolution.

Le 2 février 1793, on fait la vente de 32 pièces de terre ou de maisons qui leur appartenaient en propre. On continue par la vente de leurs fermes du Chesnay, de Damemarie, de Neaufles et de plus de 80 pièces de terre dans les environs de Breteuil, provenant des dots des Religieuses.

Même la maison des Communautés, qui n’est pas fini de payer est vendue.

En septembre 1792, les Religieuses Bénédictines de Saint-Sauveur et les Ursulines sont chassées de leurs couvents. L’expulsion des Sœurs de Caër fut retardée.

Extraits de : - Une nièce de Jean Nicolle, célèbre peintre de Louviers, Justine Duvivier, fondatrice de la Congrégation de la Providence d’Évreux, 1668-1734, Survivance de son œuvre 1734-1900, par l’Abbé Langlois, aumônier de la providence, Évreux, imprimerie de l’Eure, 1900.

- Histoire de la Congrégation de la Providence d’Évreux, dite à l’origine des Dames de Caër par le Chanoine Langlois, aumônier de la Providence, de son origine à sa dispersion par la Révolution, 1700-1797, Évreux, imprimerie de l’Eure, 1901.

Deux documents prêtés par Madame Françoise PERRIN de Normanville.

En 1803, avec le Concordat, les anciennes religieuses sortirent de la clandestinité, Mgr Bourlier, évêque d’Évreux leur procura une maison. Les Sœurs reprirent rapidement leur place dans la vie du diocèse.

En 1821, elles achetèrent l’ancien manoir abbatial de Saint-Taurin qui est devenu la maison mère.

En 1900, l’institut comptait 300 religieuses et dirigeait plus de cent établissements scolaires ou hospitaliers.

Au XXème siècle, le recrutement cessa. Les Sœurs gardèrent une certaine activité hospitalière, elles l’exercèrent d’une façon héroïque durant les deux guerres.

Aujourd’hui la congrégation ne compte plus que quatre sœurs qui résident 7, rue Joséphine à Evreux.

L’ école : En 789 Charlemagne ordonne au clergé d’ouvrir des écoles pour tous, c’est la naissance de la future école gratuite, obligatoire, laïque.

Il faut attendre plus de 1 000 ans et Jules Ferry avec sa loi du 28 mars 1882 pour rendre l’enseignement primaire obligatoire mais aussi laïque !

Un nombre important de Conciles eut lieu, mais pour les villages et hameaux de nombreux problèmes se posaient : formation des maîtres pour les garçons, des maîtresses pour les filles,

Constructions de classes spécifiques pour les garçons et pour les filles,

Les mères ne voyaient nullement la nécessité de l’instruction des filles, elles avaient pour missions suivant l’âge de s’occuper des plus jeunes frères et sœurs, des soins ménagers, de la basse-cour, etc.

Les mères aidaient leurs maris dans les travaux ruraux.

Pour les garçons : les plus jeunes gardaient les 2 ou 3 vaches, les ainés aidaient aux travaux des champs.

Il faudra attendre 1861 pour voir Julie, Victoire Daubié devenir la première bachelière de France !!!

Caër suivit le sort de Normanville jusqu’à la révolution, époque pendant laquelle l’église de Caër fut détruite.

(Elle se trouvait à l’emplacement de l’actuel n°1 rue de l’abreuvoir).