Normanville dans le pays de Caux

PREAMBULE :

Normanville (Seine Maritime) est une petite commune rurale du Pays de Caux. Elle est entourée par les communes de Sorquainville, Riville, Beuzeville-la-Guérard, Thiouville, Terres-de-Caux, Ypreville-Biville et située à 19 kms de Fécamp la plus grande ville des environs.
La commune est proche du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande.

 

Les armes de la commune : D’azur à la croix fourchée d’argent cantonnée de quatre molettes d’or. 

 

 

 

Le nom de la localité est attesté sous la forme Normanvilla à la fin du XIIème siècle.
Normanville veut dire domaine de l'homme du Nord.

HISTOIRE

La cure de Normanville est divisée en trois portions avec une seule église : La Famille Pestel, barons de Normanville, présentent à la première portion, les seigneurs d'Ausseville, présentent à la deuxième portion jusqu'en 1342 puis ensuite avec la Famille Pestel. L'archevêque de Rouen présente à la troisième portion. Chaque portion a son presbytère. Le manoir presbytéral de la portion archiépiscopale existe toujours.

 

 

Les seigneurs et gens de la noblesse

La Famille de Normanville occupe le territoire et d'après certaines sources généalogiques Roger de Normanville (+1455), seigneur de Normanville et de Hardouville, est l'époux de Jeanne d’Estouteville.
Vraisemblablement descendant de cette Famille, François Pestel de Normanville (+1678), chevalier et châtelain de Saint-Laurent-en-Caux, époux de Blanche Le Cornier de Sainte-Hélène en 1652, est propriétaire de la seigneurie. Son fils, Jacques François Pestel de Normanville, époux de Françoise Puchot en 1684, lui succède. Le dernier descendant direct de cette lignée, Charles Jacques François Pestel de Normanville, marquis de Saint-Laurent, né en 1689, époux en 1707 d'Ethienne Yolande Le Marinier, croule sous les charges imposées par le roi Louis XIV (1638/1715) comme tous les seigneurs de l'époque et doit vendre la terre de ses ancêtres. 
L’histoire du château commence au XVIIIème siècle à Tôtes, village par lequel passent les Anglais débarqués de Dieppe pour se rendre à Paris. Un riche homme d’affaires anglais tombé malade à l’auberge L’Écu d’Orléans  est soigné par un valet d’écurie nommé Jean Fiquet (+1775) qui le soigne avec un tel dévouement que l’Anglais lui lègue tous ses bagages et leur contenu, s'il vient à mourir. L’homme meurt au bout de quelques jours, et le valet hérite de ses effets, trouvant dans les valises des billets de banque qui font sa fortune. Voulant profiter de sa nouvelle situation, il achète le château en ruine en 1735. La possession de cette terre seigneuriale permet à Jean Fiquet d'être anobli et de devenir seigneur et marquis de Normanville. Il meurt à Rouen en 1775, son corps est rapatrié à Normanville où il est inhumé dans la crypte de la chapelle qu'il a fait bâtir et où son épouse Marie Thérèse Marquet le rejoint la même année.

PATRIMOINE

L’église Saint-Ouen et Saint-Barthélémy

Le chœur est du XIIIème siècle, le retable majeur des XVIIème et XIXème siècle. Le clocher-porche est édifié en 1836. La nef est rebâtie en 1833, sa corniche en tuf date du XIIème siècle. Le baptistère en pierre du XIIème a malheureusement disparu.
Dans la toiture du clocher existe encore dans les années 1945 une poterne appelée la porte d'Angleterre, d'où les côtes étaient perceptibles à la longue vue.

 

 

Le château

Il est en ruine lorsque Jean Fiquet l'achète. Il le fait raser pour en construire un nouveau de 1737 à 1740, deux annexes y sont adjointes en 1742.
Richement bâti avec des fondations solides sur deux sous-sols et des murailles de presque 1m de large, les briques sont faites sur place. Un étang dans le parc est construit en pierres blanches taillées. Une pendule, sur la façade Sud du château est, à l’époque, signe de richesse et de puissance. L’intérieur est paré de boiseries, de riches peintures et la rampe de l’escalier en marbre est faite par l’un des plus grands forgerons de Rouen. Les plaques et les marbres des dix cheminées sont de véritables œuvres d’art.Au Nord, au Sud et de chaque côté du château, il fait tracer des allées plantées d’arbres (tilleuls, hêtres, forêt de chênes…) pour donner plus d’ampleur à son habitation. L’avenue des tilleuls est traversée par une futaie à la hauteur de la grille. L’ensemble forme alors un vaste T, ce qui le fait appeler le Château du T.

Le domaine reste dans la même Famille jusqu’en 1870.
En 1946, le château héberge un camp de jeunesse. Puis il est racheté pour les arbres qui entourent le parc, ceux-ci abattus, les propriétaires laissent la bâtisse s'écrouler.

 

 

 

Les chapelles

Les chapelles Saint-Éloy situé vers Bennetot et Saint-Nicolas au hameau de Beauquesne. 

Le dernier titulaire de ces chapelles est l'abbé François de La Porte qui, lorsqu’il arrive de Vismes du diocèse d’Amiens, ne trouve que des ruines, vraisemblablement détruites sur ordre de Charles François de Pestel.


En 1739, Jean Fiquet, apprenant le départ du prêtre, lui écrit cette lettre :
« Monsieur, depuis trois ans que j’ay acquis la terre de Normanville, et que j’y fais 4 à 5 mois de séjour par an avec ma famille, j’ai senty les incommodités de l’éloignement de l’Église ; je prents la party de faire réédifier les chapelles qui sont détruites, et dont vous êtes le titulaire, et même de me faire autorisé à ce qu’elles soient réunies et translatées dans une chapelle que je me propose d’establir près du nouveau manoir seigneurial, dépendant du fief auquel le patronage des dites chapelles est attaché. Je veux espérer que cela ne pourra pas blesser, n’y votre conscience, n’y vos intérêts, et être persuadé que vous trouverez ma proposition raisonnable… . Si je puis vous rendre quelque service dans le pays, vous pouvez compter sur moy…. »


Ce à quoi l’abbé de La Porte répond :

« Il n’y a rien que je puis vous refuser, estant seigneur de la paroisse, et vous n’avez qu’à commander, et l’on doit vous obéir dans les choses que l’on puis faire… Pourvu que Messieurs les curez de Normanville ne s’oppose pas à cela, et qu’ils ne puisse pas me faire d’affaire, je consent à tout ce que vous souhaitez… En un mot je vous fais le maistre de tout dans l’espérance, que si j’avais besoin de votre protection, sur qui je compte, je vous trouverais dans l’occasion, estant, monsieur, et à tout ce qui vous appartient, votre très humble et obéissant serviteur. »

Jean Fiquet ordonne la construction, à proximité du château, d’une chapelle. Elle est surmontée d'une couverture faite d’ardoise et de plomb. L’intérieur est orné de boiseries en chêne de Hollande, de menuiseries en arc-boutant. Une crypte est creusée sous toute sa surface, pour permettre l’inhumation de la famille dans un seul et même lieu. Le chœur de la chapelle est agrémenté d’un triptyque avec en son milieu, un tableau représentant la crucifixion. De chaque côté de l’autel sont peintes les armes du seigneur écuyer Fiquet, marquis de Normanville. Derrière se trouve une sacristie au-dessus de laquelle Jean Fiquet a fait aménager les appartements pour le prêtre en fonction. L’union des deux chapelles est proclamée par le cardinal Nicolas de Saulx-Tavannes (1690/1759portrait de gauche) et c’est l’abbé Feuillolay qui bénit la nouvelle chapelle dans les premiers jours de juin 1741 :
« ... le tout vu et considéré, nous avons uni, et unissons les deux Titres des dites chapelles détruites, pour n’en composer qu’une seule, sous l’invocation de Saint Nicolas et de Saint Eloy, lequel titre nous avons transféré et transférons à l’autel de la dite nouvelle chapelle du manoir seigneurial de Normanville, où le chapelain titulaire sera tenu d’acquitter deux messes par semaine, l’une le dimanche, l’autre à un jour de feste, s’il s’en rencontre dans la semaine, si non, un autre jour, à condition que la messe qui se dira le dimanche, ou feste, ne sera point dite à l’heure de la messe paroissiale…».

 

 

Le jardin

Il est labellisé jardin remarquable et ouvert au public depuis 1995. Il comporte entre autres 130 espèces rares de bambous.

 

La mairie et l'école